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Il existe certaines différences quant aux normales biologiques entre les occidentaux (ou "caucasien" pour les Américains) et les Africains noirs, particulièrement dans le domaine de l’hématologie.
On note aussi quelques différences dans le domaine des hémopathies malignes.
Leucocytes
– Fréquente leucopénie avec neutropénie :
- 25 % des adultes noirs africains ont un nombre de PNN < 2,7 G/l, c’est une neutropénie constitutionnelle. On considère que à peu près 10 % de la population possède une neutropénie franche.
- Cette neutropénie est retrouvée chez le nouveau-né (moyenne de 12,6 G/l dans une cohorte de nouveaux-nés nigérians contre 20 G/l dans une cohorte de caucasiens américains).
- Cette neutropénie peut entraîner une fausse lymphocytose relative, mais elle n’est pas absolue (lymphocytes < 4 G/l).
– Forte éosinophilie liée aux parasitoses endémiques.
– Forte prépondérance de lymphocytes de type B au détriment des lymphocytes de type T.
- Cela entraîne une diminution physiologique du rapport albumine / globulines du à une hypergammaglobulinémie et une hypoalbuminémie réactionnelle.
- Il est à noter que cette hypergammaglobulinémie est surtout le fait d’IgM. (IgG et IgA normales).
Plaquettes
– Légère thrombopénie physiologique chez l’africain noir (196 G/l dans une cohorte ivoirienne contre 242 G/l en moyenne dans une cohorte européenne).
– 30 % des africains noirs bien portant ont des plaquettes < 150 G/l, valeur considérée comme le bas de la fourchette normale des plaquettes en Europe. Ce phénomène n’est pas associé à une splénomégalie.
Hématies
– Chez des nouveaux-nés nigérians âgés de 1 jour, on note une diminution des valeurs moyennes de l’hématocrite (0.45 contre 0.61), de l’hémoglobine (155 g/l contre 190 g/l) et du nombre d’hématies (4 T/l contre 5.2 T/l).
– Cette différence existe chez l’adulte, mais est beaucoup moins nette.
– Cependant, les constantes érythrocytaires sont les mêmes que pour les occidentaux.
Hémostase
– En plus de la thrombopénie, il existe souvent des thrombopathies conduisant à des hypoagrégations aux inducteurs standards (ADP, ristocétine, collagène).
– Le TP est globalement allongé par rapport aux populations caucasiennes.
– La fibrinolyse est globalement plus intense.
Ceci explique peut-être la faible incidence des pathologies thrombo-emboliques en Afrique noire.
– Peu de déficits congénitaux en facteur de la coagulation (ou bien sous-diagnostic de ces pathologies faute de moyens adéquats).
– Par contre, forte incidence des CIVD en pathologie obstétricale et des purpura fulminans en général.
Hémopathies malignes
– Prédominance des LAM (leucémies aigue myéloblastique) chez l’enfant, contrairement aux populations caucasiennes dans lesquelles ce sont les LAL (leucémies aigues lymphoblastique) qui prédominent.
– Le lymphome de Burkitt est l’hémopathie maligne la plus fréquente en Afrique (62 % des hémopathies).
– Les LLC (leucémie lymphocytaire chronique) se présentent comme une maladie surtout hépatosplénique et assez peu ganglionnaire contrairement à l’Europe ou l’Amérique du Nord.